Soutien à la France du vin suite aux propos polémiques d'un sénateur
Posté le 22/12/2023
"Les dealers d’alcool font la loi" a déclaré récemment le sénateur de Paris Bernard Jomier, visant notamment la filière vin. Ces propos déplacés, livrés sans modération, font suite au rejet de l'amendement qu'il soutenait avec une poignée de sénateurs afin d'instaurer un prix minimum de vente sur l'alcool. Les parlementaires ont logiquement rejeté cette proposition : loin de vouloir soutenir une filière viticole en crise en rémunérant mieux ses producteurs, celle-ci visait bien à créer un frein à l'achat des français, malgré une consommation de vin et plus largement d'alcool à son plus bas niveau historique. Celle-ci est en diminution constante depuis les années 1960. Rappelons que la Loi Evin confère à la France la législation sur la communication et la vente d'alcool la plus stricte à l'Ouest du Golf Persique.
Nous voulions nous associer aux représentants de la filière viticole Bernard Farges, président du Comité National des Interprofessions des Vins à appellation d'origine et à indication géographique (CNIV) et Samuel Montgermont, président de Vin et Société, dont la tribune sur le site Vitisphere (pubiée ce 13 décembre 2023*) appelle au respect envers une filière viticole qui véhicule le message d'une consommation modérée et responsable. Visiblement, Bernard Jomier soutient ou fait partie du groupe de pression anti-alcool pour lequel la consommation de la première goutte est déjà un excès insupportable, versant par là dans le type d'excès qu'il prétend vouloir dénoncer. Au final, avouons-le, le but est-il d'éradiquer la filière viticole française ? Une de nos filières nationales qui, à travers le vin, incarne le mieux la tradition et la culture de la France ? Une des filières tricolores qui incarne le mieux ses terroirs et ses paysages (à condition de sortir un peu de Paris) ? Un des rares filières françaises dont la balance commerciale à l'export permet d'enrichir notre pays (mais plus nos viticulteurs) ? De plus, il ne nous a pas échappé que ce discours extrême est doublé d'une profonde contradiction.
En effet, le même Bernard Jomier est favorable à la légalisation du cannabis ! Ou quand un message politique perd toute crédibilité... En France, c'est ce produit qui est commercialisé par des dealers. Au même rang que la cocaïne et autres drogues dures. Le cannabis peut avoir des effets pervers définitifs sur le cerveau malgré une consommation modérée. Une différence essentielle entre les drogues et l'alcool est là. En tant que médecin, ce sénateur devrait savoir cela. En France il y a beaucoup de communication en faveur d'une consommation modérée de vin et plus largement d'alcool, à commencer par la viticulture, et ce depuis longtemps. Les viticulteurs et leurs instances ont naturellement joué le jeu depuis l'apparition de la Loi Evin. Mais il existe un lobby anti-alcool qui continue à dégainer à tout va, sans distinction avec les alcools forts d'ailleurs, car son discours est dépourvu de nuance (et de modération) quant aux modes de consommation : selon les tenanciers de ce groupe, la moindre goutte d'alcool serait donc un dangereux poison. Comme si, finalement, l'alcool était consommé pur ! Alors, de quel côté est la modération ?
En faisant la promotion d'une drogue trompeusement dite "douce" tout en qualifiant les viticulteurs de "dealers", le sénateur Bernard Jomier se trompe deux fois combat. En insultant la filière viticole, il insulte de nombreux producteurs méritants, leurs équipes et leurs familles ainsi que tous les consommateurs responsables et, à travers eux, la tradition et la culture françaises. Au final, si les mots ont un sens, son action politique en a beaucoup moins.
------------------------------------------------------------------------------
(*) Source : https://www.vitisphere.com/actualite-100781-comparer-viticultrices-et-viticulteurs-a-des-dealers-cest-insulter-les-millions-de-consommateurs-moderes-de-vin.html