Cépage rouge : la (ou le) CARMENÈRE
Posté le 02/10/2019
La CARMENÈRE
SYNONYMES – Carmenelle, Cabernelle, Grande Vidure dans le Médoc, Carbouet dans les Graves, Bouton blanc à Saint-Loubès (Entre-Deux-Mers)… On dit « la » Carmenère dans le Médoc. Rive droite et ailleurs, il semblerait qu’on dise plus souvent « le » Carmenère.
SURFACE EN GIRONDE – < à 1% de la surface plantée en cépages rouges en Gironde.
ORIGINE – Cépage local ancien issu du Cabernet-Franc et du Gros Cabernet.
ANECDOTE – Originaire du Médoc, la Carmenère a quasiment disparu du Bordelais après la crise du phylloxéra, ce puceron qui se nourrit des racines des vignes arrivé d’Amérique vers la fin du 19e siècle. Elle avait été plantée au Chili par des Français émigrés… pour être redécouverte en 1990 dans ce pays (protégé entre une chaîne de montagnes et un océan) au milieu d’une parcelle de Merlot ! Elle y était d’ailleurs confondue avec celui-ci.
DANS LA VIGNE – La Carménère n’a pas supporté le greffage sur les pieds des cépages américains, parade trouvée face au phylloxéra (on s’était aperçus que les pieds américains lui résistaient). La Carmenère est donc très sensible aux maladies. Un clone plus résistant ayant été agréé, on commence tout juste à la revoir : le vignoble Bordelais s’étend sur plus de 100 000 hectares dont seulement 10 ha pour la Carmenère (contre 1 ha en 1990) !
DANS LE VERRE – Sa couleur est assez foncée, et son caractère assez typé. Au niveau aromatique, elle présente un côté mentholé et épicé et laisse une impression de fraîcheur en finale. Sa capacité de vieillissement, en raison d’une moindre acidité, serait a priori un peu moindre comparé aux autres cépages rouges bordelais.
LE VIN SÉLECTIONNÉ – Château Damase Carmenère est issu de l’incroyable pari de retravailler un cépage disparu de la région depuis le 19e mais qui est pourtant un cépage typiquement Bordelais. Ceci étant dit, son caractère épicé est plutôt atypique !
LE MOT DU PRODUCTEUR – « Ce vin au rouge intense et aux notes de poivrons, de poivre rouge et de poivre noir nous surprend par sa rondeur et son équilibre. Il vous donnera une idée de ce que pouvait être un vin de Bordeaux il y a plus d’un siècle. »
ON AIME – L’effet de rareté d’un cépage oublié ou mis de côté à cause de son faible rendement et de sa sensibilité à l’humidité de notre climat océanique. On aime aussi sa moindre teneur en alcool et sa fraicheur, une particularité propre aux 5 autres cépages rouges bordelais que le Merlot. Avec ses raisins très sucrés celui-ci fait figure d’exception. Le réchauffement climatique étant constaté dans les vignes, pour limiter la teneur en alcool dans les vins rouges, une solution consisterait à replanter les Cabernets et ces cépages oubliés comme la Carmenère. D’ailleurs, autrefois, et même si cela est du également au fait qu’on faisait les vendanges plus tôt, les vins étaient plus faibles en alcool (10-11° au milieu du 20e siècle et encore 12° au début des années 1990).