Sortie du classement Poussart 2008 le 3 décembre
Posté le 24/11/2012
Ce blog évoque rarement les guides car ils sont nombreux, néanmoins cet ouvrage mérite notre attention car il se démarque de la masse, par son contenu mais surtout par son approche originale. En effet, l'amateur de vins belge Rémy Poussart considère que les classements des vins de Bordeaux ne reflètent pas la réalité actuelle du marché des vins.
On peut difficilement lui donner tort car si on met directement un pied dans le haut de gamme voire même dans le domaine du luxe avec les classements de 1855 (Médoc, Sauternes-Barsac) et de 1955 (Pessac-Léognan), ceux-ci sont gravés dans le marbre depuis leur existence. Celui de Saint-Emilion, bien qu'actualisé chaque décennie, a d'autres critères d'évaluation que la seule qualité du vin.
Conséquence, celle-ci ne se retrouve pas forcément dans des prix déjà élevés et en forte hausse à mesure que la demande augmente pour ces vins. L'effervescence asiatique, pour ne pas dire chinoise, ne fait que commencer. Ainsi, Rémy Poussart entend confronter cette élite avec son antichambre, voire des vins beaucoup plus modestes de l'ensemble du vignoble Bordelais.
De cette manière, une même session de dégustation peut confronter un Pauillac, un Pomerol ou un Margaux avec un simple Bordeaux. Les vins sont tirés au sort et dégustés à l'aveugle (c'est important) par des professionnels ou amateurs confirmés. Certains sous couvert d'anonymat pour la version 2007 du guide : Bordeaux est un grand village ou tout le monde est susceptible de connaitre tout le monde.
Or l'approche de Rémy Poussart, déjà contestataire d'un ordre établi, consiste à souligner aussi les connivences entre la presse du vin et ces propriétés prestigieuses qui savent organiser de belles réceptions. Il faut dire que le franc-parler de Rémy Poussart saura lui attirer des amitiés nouvelles : "système de cotation anglo-saxon (...) bidon", "petit monde mesquin", "vins sponsorisés" ou encore "presse de caniveau", le discours est sans concessions.
Mais quelques mots bien choisis ne peuvent résumer un travail titanesque, Le Grand Classement des Vins de Bordeaux 2008, en quelques chiffres, c'est ça :
- 12 mois de travail
- 596 vins dégustés, soit 26 de plus que pour le précédent guide pour le millésime 2007(avec notamment l'introduction du Grand Vin de Reignac, classé à la 32e place - très justifiée d'après mon expérience personnelle)
- 90 sessions de dégustation à l'aveugle, en fait 90 séries de 20 vins composées aléatoirement selon les appellations
Quelques nouveautés méritent également précision :
- un intérêt au rapport qualité-prix est donné aux vins via un barème positif de petits coeurs (de 1 à 3 selon l'importance du rapport QP) et via un barème négatif de petits zéros (de 1 à 3 selon la médiocrité du rapport QP), de sorte que des vins chers et mal notés ont reçu une mauvaise note sur le rapport QP tandis que des vins moins bien notés mais également moins chers se sont vus attribuer un bon rapport-qualité prix (au final c'est un système de double notation qui est certainement assez juste)
- les dégustateurs, 169 au total et une vingtaine environ par série de dégustation, ne sont plus anonymes ! Élément critiquable pour le 2007, à présent révolu.
- jusqu'au 439e vin figure le compte-rendu de dégustation, pour les autres il n'y figure plus au bénéfice d'un nombre supplémentaire de vins évalués et...
- sur chaque page le texte est traduit en anglais
Nous pourrions dire encore bien des choses mais comme le guide sort le 3 décembre, je ne voudrais pas court-circuiter l'éditeur. J'attendrai donc la sortie officielle pour en dire un peu plus, ce qui sera l'occasion de jeter un œil cette année aux 50 premiers vins qui composent ce classement. Vous verrez que beaucoup de surprises sont au menu.